Le chapitre manquant !

Bien des clients arrivent en coaching avec un poids lourd sur les épaules, un sentiment (ou un feedback reçu) de ‘non- performance’.
Lorsqu’un coaché est affecté par une déception ou un échec, on peut passer plusieurs séances dessus afin d’’essorer’ le problème sous tous les angles et entrevoir ensuite la démarche appropriée. Mais on peut aussi, une fois les premiers éléments de contexte explorés, et avant d’établir avec lui une stratégie, lui faire entrevoir, une version ‘revisitée’ de l’histoire qu’il se raconte parfois en boucle, et l’aider à la compléter. Soutenir le renforcement de l’estime de soi est en effet un des socles d’une transformation pérenne.

Recourir aux métaphores

Il m’arrive d’utiliser, dans ce cheminement avec un client, des métaphores issues du livre, qui est une de mes sources d’inspiration, et un secteur dans lequel j’ai longtemps évolué.
Le recours à ces images lui permet de commencer à se décentrer un peu du réel.
Si le client est d’accord pour ‘tirer ce fil’, je commence par lui demander comment il nommerait le livre de sa vie professionnelle jusqu’à aujourd’hui (ou le film, pour ceux à qui cela parle davantage). Parfois surgissent alors des réponses telles que :

« Oh l’histoire de mon parcours professionnel c’est…

  • « Le livre de l’instabilité »
  • « Manager seul dans la tourmente »
  • « La fusion de trop »…

Il ne s’agit alors pas de m’inscrire en faux contre ce qui est dit pour ‘réhabiliter’ hâtivement le récit du client, mais d’accueillir d’abord le propos tel qu’il est.
L’intérêt de cette phase est le 1er surplomb que prend le coaché : certes, il a pu qualifier son histoire de façon négative, ou avec démesure, mais ce faisant, il y est déjà un peu moins embourbé. L’échange se teinte même souvent de complicité lorsque le client ‘guette’ ma réaction sur le titre qu’il a imaginé.

Pour prendre un exemple concret…

Supposons que mon client ait intitulé son parcours pro « Le siège éjectable »…
On l’explore alors, grâce à un jeu de questions, sans induire les réponses.

  • Comment parlez-vous de ce ‘livre’ autour de vous en général ? (accueillir le cas échéant la déception, la résignation, la colère…).
  • Dans quel rayon serait-il, dans une librairie ? A côté de quels autres livres ? (là, chaque mot, chaque indice me ‘parle’ de la façon dont le coaché considère son histoire professionnelle, et m’aidera dans ma stratégie)

Puis nous explorons des questions, telles que par exemple :

  • Si vous preniez une loupe pour lire entre les lignes, comment pourriez-vous regarder autrement les ‘échecs’ que vous avez nommés ?
  • Qu’écrirait un critique bienveillant à propos de cet ouvrage, en l’ayant lu sans connaître son titre (‘Le siège éjectable’) ?
  • Et si vous deviez ajouter un bandeau sur la couverture, pour apporter une nuance, qu’y diriez-vous aujourd’hui ?

Là, la créativité du coaché peut manifester qu’il s’extirpe de son écheveau de problèmes : c’est souvent le moment où il se met à raconter un chapitre positif du parcours, tu jusque-là. Ce qui était écrit à l’encre sympathique émerge alors progressivement dans la lumière : le problème pour lequel il est venu me voir (clin d’œil aux Pratiques narratives) cesse progressivement de le définir tout entier.

Aller alors en profondeur dans ce qui lui a procuré un sentiment d’accomplissement lui permet d’évoquer des talents qui pourront soutenir le plan d’action futur. Noir au départ, le tableau commence à se parer de nuances…

La conscience d’une trajectoire

Si le coaché vit une transition, l’espace-temps du coaching doit lui permette de clore quelque chose. Sur mon invitation, il peut ajouter alors un titre au dernier chapitre qui manquait à son livre et dire symboliquement ‘adieu’ à une fonction, une entreprise, voire à une posture longtemps endossée, avec laquelle il ne se sent plus en phase. Cela me permet d’accueillir l’émotion (colère…) qui a pu être niée jusque-là, par le coaché et/ou le système Ainsi reconnu dans ce qu’il a traversé, le coaché sera plus à même de se mobiliser (travail sur une évolution de sa posture managériale, réflexion sur une mobilité, etc), en lien avec l’objectif déterminé au contrat.

Au fil des séances, le client déploie alors l’éventail des possibles.

On pourra aborder la suite du coaching sur un mode plus classique, ou continuer à explorer les choses sous l’angle du livre :

  • De quoi parlerait le tome 2 ? (questions ouvertes et sans idée préconçue sur les ingrédients du ‘scénario’, pour se projeter dans la situation souhaitée).
  • Quels talents y déploiera davantage le héros ?
  • A quoi devra-t-il être vigilant ? (utile pour les personnes se relevant d’un surmenage ou d’une situation de crise)
  • A supposer que le prochain poste (ou activité entrepreneuriale) soit le dernier (managers en fin de carrière), quel dénouement heureux pourrait-on lui offrir ?

Si existe une alliance avec le coaché, un engagement profond du coach pour soutenir la transformation (sans déni d’une réalité parfois complexe, donc sans angélisme !), cette approche peut restaurer un sentiment de fierté, libérer sa créativité et donc sa capacité de mobilisation, en acteur de sa trajectoire.
Et vous, quel chapitre avez-vous envie d’ajouter à votre livre ?

Et vous, quel chapitre avez-vous envie d’ajouter à votre livre ?